Le programme de la journée comprenait deux visites de d’opérations, présentées et commentées par des acteurs de leur développement, et un Conseil « décentralisé » pour accueillir des adhérents de province.
Présentation de Rennes [1]
Rassemblant 43 communes et 427 000 habitants, l’agglomération rennaise, devenue Rennes Métropole en 2015, a mis en place des plans d’urbanisme efficaces pour protéger les terres agricoles d’un phénomène d’étalement urbain. Rennes Métropole a développé trois politiques principales.
Dans cette Ville-Archipel, chaque territoire tient une place particulière et voit reconnaître sa/ses fonctions dans l’organisation globale de l’aire urbaine. En premier lieu est mis en avant le principe de la préservation et de pérennisation des espaces agricoles et naturels, et les moyens réglementaires pour le faire.
Ensuite, selon le concept des proximités, les villes en fonction de leur taille et de leur position dans l’armature urbaine se voient dotées de services plus ou moins importants. De telle sorte, chacune d’entre elles dispose a minima des services de base aux populations, et ses habitants peuvent trouver dans le pôle structurant du bassin de vie dans lequel ils sont, les services intermédiaires qui nécessitent un poids démographique et une densité suffisante pour fonctionner.
Enfin, les « champs urbains » – c’est-à-dire les espaces précisément délimités – donnent la garantie aux fermiers que leurs terrains ne seront jamais utilisés pour quelque chose d’autre que l’agriculture. Afin de continuer à accueillir de nouveaux habitants, les deux derniers schémas directeurs encouragent la création de centres urbains secondaires connectés par les transports au cœur de ville.
Une politique foncière a été mise en place à la fin des années 1970 pour gérer le foncier, pertinemment considéré comme une ressource limitée. Un outil dédié, l’Etablissement foncier public local a été créé. Chaque année Rennes Métropole achète des terres avant des opérations immobilières, ce qui conduit les prix du marché à baisser. Ces différentes politiques ont été établies de façon collaborative et ont créé un sens de solidarité entre toutes les villes.
Visite de l’éco-quartier de La Courrouze
Le projet urbain, a reçu le titre « Nature en ville » du palmarès Eco-quartier 2011 du Ministère de l’Écologie. Membre du «Club National Eco-Quartiers», il a été retenu en 2013 par le Ministère du Logement et de l’Égalité des territoires pour participer à la démarche de label national.
Nous avions rendez-vous avec M. Dartigalongue (SEM Territoire et Développement) pour une visite dans la matinée de l’éco quartier de La Courrouze.
La Courrouze en chiffres…
- 115 ha de friches en reconversion dont … 89 ha aménagés et 40 ha d’espaces verts
- 10 000 habitants à terme pour environ 4 800 logements créés, soit 495 000 m² de surfaces de plancher
- 3 000 emplois créés pour 100 000 m² de surface de bureaux
- Des commerces et services de proximité répartis dans les secteurs : environ 20 000 m².
- Des équipements publics : écoles, métro, bus en site propre… environ 30 000 m².
À l’intérieur de la rocade et proche du centre rennais, La Courrouze est une réponse contre l’étalement urbain. En faisant cohabiter un habitat diversifié, des activités tertiaires, des commerces, services et équipements, le quartier participe à fabriquer la ville des courtes distances.
Opération de renouvellement urbain, le projet vise à recréer de la ville sur des espaces délaissés, une véritable « couture » urbaine qui instaure une continuité entre les quartiers et les communes de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande.
Les liaisons, voiries, transports en commun et circulations douces sont un des piliers du projet urbain : le nouveau quartier facilite les échanges, comme un « lien de ville » qui ouvre et intègre le secteur sud-ouest à l’agglomération.
La valorisation du patrimoine naturel est au cœur du projet. L’aménagement tient compte, notamment, des continuités écologiques qui traversent le site de La Courrouze, inscrites dans le grand parc urbain que constitue le quartier. Un parc rythmé par une diversité d’ambiances.
A terme, La Courrouze vise à renforcer l’attractivité économique de ce secteur rennais, desservi, en 2019, par le terminus sud de la ligne B du métro en cours de construction.
Conseil d’administration
Le Conseil d’administration s’est tenu dans une salle privatisée du restaurant « La Table de l’Atelier ».Compte-rendu Rennes
Suite au Conseil d’administration, et dans la même salle, nous avons été rejoints par Clothilde Boulange [2] et Jean-Yves Chapuis [3].
Clothilde Boulange nous présente sur plans l’opération Le Blosne
Le projet urbain du Blosne, à travers un important programme de requalification, entend redynamiser le quartier, offrir un meilleur cadre de vie aux habitants et attirer de nouvelles familles. Il s’agit de construire 1 300 logements supplémentaires mais aussi de réhabiliter des immeubles existants en mettant l’accent sur la qualité environnementale et énergétique. En outre il est prévu de valoriser l’image du quartier par des actions ciblées sur les espaces publics et développer l’emploi sur le quartier en favorisant l’implantation d’activités économiques.
Ces opérations sollicitent des financements de l’ANRU dans le cadre du nouveau Programme national pour le renouvellement urbain.
Chiffres-clés pour le secteur Blosne Est
- 44 hectares environ, c’est la superficie de la ZAC Blosne-Est
- 105 000 m² de logements (environ 1 300 logements neufs, essentiellement en accession à la propriété
- réhabilitation du parc de logements sociaux existant et réhabilitation du parc des copropriétés)
- 10 000 m² de locaux tertiaires, d’activités, de services et de commerces
- 15 000 m² d’équipements publics et associatifs
La concertation
De 2010 à 2015, un dispositif spécifique de concertation a été mené par la collectivité avec les habitants du quartier. A ainsi été constitué un Atelier Urbain, animé par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de Rennes (IAUR) et l’Audiar. Les riverains et les acteurs du quartier ont été conviés à cette concertation autour du projet urbain.
En 2016, la concertation, pilotée par la Ville de Rennes a poursuivi les mêmes objectifs :
- Recueillir l’expérience et les attentes des habitants sur leur cadre de vie
- Faire émerger des réactions aux propositions du projet urbain
- Engager, en lien avec les études opérationnelles, des groupes de travail et de réflexion permettant aux habitants ainsi qu’aux acteurs professionnels et associatifs du quartier d’être force de propositions pour alimenter le projet.
Jean Yves Chapuis nous présente une vision générale et historique de ce qui se fait en urbanisme à Rennes
puis il présente l’opération des bords de la Vilaine. Une visite est organisée dans l’après-midi.
Les bords de la Vilaine
La démarche de projet des bords de la vilaine a duré et perdure depuis plus de 20 ans. Elle est décrite dans une plaquette de Territoires & Développement et un livre de Jean Louis Violeau.
« Un plan-masse tout en souplesse. Pas de découpage traditionnel point de parcelle, point de principe d’harmonisation rigide. L’objectif est de valoriser le paysage en s’inscrivant dans la continuité du centre-ville, donc dans l’hétérogène.
« S’appuyer sur une concertation tripartite. Un suivi du schéma directeur s’organise très vite. Son caractère évolutif se traduit par des réunions tripartites (Territoires & Développement, Bureau des Paysages et les équipes de promoteurs et architectes) organisées sur chaque projet et pouvant conduire à une évolution de ce schéma.
« Valoriser le tissu faubourien. Tout en limitant la place accordée aux constructions nouvelles, les immeubles font référence au tissu faubourien en évitant la formation d’un front bâti continu. Pas de lutte doctrinale contre les dents creuses ! Certains programmes devront intégrer un élément de bâti existant. Même si les volumétries sont relativement encadrées, c’est par cet épannelage diversifié et par le fractionnement des constructions que des vues sur la Vilaine sont dégagées jusqu’aux cœurs d’îlot.
« Les modes de vie urbains pour fil rouge. Autre originalité, Alexandre Chemetoff a également conçu les cours et jardins privatifs. Les promoteurs et architectes ont donc dû intégrer ces projets à leur pro- gramme et à leur budget… Au fil d’une réflexion sur les modes de vie, l’habitat s’est soumis, lui aussi, à quelques principes : éclairage naturel pour les salles de bains, cuisines spacieuses, terrasses et balcons généreux, duplex et jardins pour les appartements en rez-de-chaussée, cœurs d’îlot végétalisés, accès au parking par l’extérieur… ».
« Aux sources de cette opération, aujourd’hui en cours d’achèvement, deux quartiers séparés par la Vilaine : Le Mail et La Mabilais. Mêlant friches industrielles et tissu urbain hétérogène, élevant le fleuve au rang de rempart infranchissable. Initiées en 1985, les études urbaines ont toutefois fini par présenter la Vilaine comme la pierre angulaire d’une démarche urbaine globale qui orienterait les projets du Mail et de la Mabilais vers cet élément fondamental.
« Pour réunir les deux programmes, l’urbaniste-paysagiste Alexandre Chemetoff, retenu en 1991, a réalisé́ un schéma directeur souple et évolutif. Les programmes des ZAC du Mail et de La Mabilais se sont fondus dans cette réflexion pour en ressortir le visage tourné vers le fleuve.
« À la croisée d’une multitude d’enjeux, des objectifs parfois contradictoires ont dû être intégrés : affirmation d’un nouvel axe transversal pour Rennes et son agglomération ; extension du centre-ville et transition avec la ville du XVIIIe siècle ; refonte d’une entrée de ville ; délestage de l’hypercentre par la création d’un boulevard structurant… C’est la démarche continue de concertation entre acteurs du projet qui assurera la convergence de ces différents axes. »
[1] Extraits du Guide pour créer une agence d’urbanisme
[2] Chargée d’opération concertation à la Direction de l’Aménagement Urbain et de l’Habitat – Aménagement Opérationnel – Rennes Métropole
[3] Jean-Yves Chapuis a été Vice-Président de Rennes Métropole, délégué́ aux formes urbaines, urbaniste et sociologue. Il est actuellement consultant en stratégies urbaines.